Pierre Braunberger

Producteur, distributeur, exploitant indépendant français, mais surtout cinéphile passionné, doté d'une intuition exceptionnelle et d’une insatiable curiosité.
 

Né le 29 juillet 1905 dans une famille de médecins, Pierre Braunberger décide à 7 ans de se consacrer au cinéma après avoir vu Le mur qui saigne, un  épisode de  Fantômas. A 15 ans, lors d’un voyage en Allemagne, il réalise son premier documentaire Francfort-sur-le Main.

Il débute en 1922 en tant que petit employé de la société Brockliss à Londres. L’année suivante, il part pour New York, où après avoir travaillé quelques semaines à la Fox il arrive, grâce à son audace, à se faire engager  comme directeur de production chez Ferdinand H. Adam, puis à rencontrer Irving Thalberg. Il sera son secrétaire pendant un an et apprend auprès de lui le métier de producteur.

Rentré en France, Pierre Braunberger fait la connaissance de Jean Renoir pour lequel il collabore à La Fille de l'eau, Nana et Tire-au-flanc.

Désireux d’avoir une vraie indépendance, il crée la société « Néo-films », puis devant l’importance du mouvement surréaliste « Studio-Films », société de production et de distribution de toute l’avant-garde mondiale, en marge des circuits traditionnels.

En 1928, il crée les « Productions Pierre Braunberger » pour produire le premier film parlant français La route est belle de Robert Florey qu’il est contraint, pour des questions techniques, de tourner dans les studios londoniens.

En 1929, il reprend la salle de cinéma du Panthéon qu’il gardera toute sa vie. Il rénove la salle, crée 450 places et fait installer un appareil Western Electric de reproduction du son. Alors que les sous-titres ne sont pas encore inventés, il est le premier à diffuser des films en version originale.

L’année suivante, il s'associe avec Roger Richebé pour acquérir des studios et produire sous le nom des « Établissements Braunberger-Richebé » des films comme Le Blanc et le Noir (premier film avec Raimu et Fernandel), La Chienne de Jean Renoir, Fanny de Marc Allégret.

En 1933, après leur séparation, il reprend seul les studios de Billancourt qui deviennent « Paris-Studio-Cinéma », puis la production avec la « Société du Cinéma du Panthéon » (Partie de Campagne de Jean Renoir, Forfaiture de Marcel L’Herbier…).

Arrêté durant la guerre, il est interné un an au camp de Drancy, puis entre dans la Résistance avec l’aide d’André Malraux.

A la Libération, après avoir été chargé de l’information au commissariat à la République, il reprend ses activités, crée « Les Films de la Pléiade», et transforme une chapelle qui avait servi à  la Gestapo en studio de cinéma, le « Studio Lhomond ».

Avec la monteuse Myriam, il réalise en 1951, un film culte La course de taureaux sur son autre passion la tauromachie.

Très vite, il prend conscience de la fin d’un style de production, le coût des films ayant énormément augmenté. L’utilisation d’une pellicule très sensible rendant possible le tournage en décors naturels avec peu de lumière, lui permet de se mettre au service de jeunes réalisateurs qui formeront bientôt la Nouvelle Vague : Agnès Varda, Jacques Rivette, Alain Resnais, Chris Marker, François Reichenbach, Maurice Pialat, Jean-Luc Godard ou François Truffaut. D'abord producteur de leurs courts-métrages dans les années 1950, on le retrouve au cœur de ce mouvement en 1959 avec L'Eau à la bouche de Jacques Doniol-Valcroze et Tirez sur le pianiste de François Truffaut. Au cours des années soixante, il produit Godard (Vivre sa vie), Lelouch (Une fille et des fusils) et coproduit Resnais (Muriel ou le Temps d'un retour),.

Parallèlement à son travail de producteur, il contribue à la création d’une nouvelle législation, avec les prix, les labels et l’avance sur recettes qui vont être autant de points d’appui favorisant l’éclosion d’une nouvelle forme de cinéma.

Toujours à la recherche de nouveaux talents et de nouvelles expériences, il produit dans les années soixante-dix les films de Gérard Pirès (Elle court, elle court, la banlieue), de Jean Rouch (Petit à Petit), un court-métrage de Patrice Leconte (Le laboratoire de l’angoisse), ou encore finance La Fin des Pyrénées  du réalisateur expérimental Jean-Pierre Lajournade, et plus tard avec « Les Films du Jeudi » ceux de Gérald Calderon, Walerian Borowczyk ou Gérard Krawczyk (Toro moreno).

Il se passionnait aussi pour les réalisateurs étrangers dont il fut un des premiers à diffuser les œuvres en France (Fritz Lang, Ingmar Bergman, Roman Polanski, Bernardo Bertolucci, Marco Bellocchio, Paul Verhoeven) et regrettait seulement de ne pas avoir eu les moyens financiers de produire les films suivants des cinéastes qu’il avait découverts. Il s’est éteint le 16 novembre 1990.


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Les Films du Jeudi